Durabilité : mode, nécessité et dérives
Parler de durabilité est à la mode, pour le meilleur et pour le pire.
Pour le meilleur, car beaucoup de personnes adoptent désormais le tri des déchets, une pratique qu’elles n’auraient peut-être jamais mise en place par simple civisme.
Pour le pire, à cause de l’opportunisme de ceux qui utilisent labels et certifications environnementales comme outils marketing, sans réelle conformité aux critères de durabilité.
La construction : un impact majeur
En Europe, les bâtiments — de leur conception à leur démolition — représentent :
40 % des émissions totales de CO₂
30 % des déchets solides
20 % de la pollution de l’eau
Continuer à construire de la même manière est un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir.
L’éco-blanchiment nuit également à la crédibilité des certifications, pourtant essentielles pour producteurs et consommateurs.
Axes pour une construction durable
Optimisation des consommations énergétiques
Bâtiments résilients et adaptables
Utilisation de matériaux locaux et réutilisables
Économie circulaire
Création d’environnements sains
Et surtout : réhabiliter plutôt que construire, dès que possible.
Matériaux à faible impact
Dans notre région, on distingue :
Bois industrialisé : aux performances supérieures au bois brut
Terre : en pisé, adobe ou impression 3D
Pierre locale, chanvre et résidus agricoles (coques de riz, tournesol, maïs)
Réduire la dépendance aux matériaux fossiles, notamment aux plastiques, est indispensable.
Production locale en retard
La Catalogne possède des forêts comparables à celles de l’Autriche, mais ne développe pas encore une industrie du bois industrialisé locale.
D’autres régions comme le Pays basque, la Galice ou le sud de la France sont déjà en avance.
Exemple innovant : le projet transpyrenéen SAVASCO, qui intègre des résidus végétaux dans les matériaux de construction.
Inertie politique vs urgence climatique
Nous avons le talent, le savoir-faire et les ressources.
Mais les décisions tardent et la législation est obsolète.
Le changement climatique et l’effondrement productif n’attendent pas.
Où voulons-nous vivre ?
Il faut repenser les habitudes urbaines héritées du XXᵉ siècle :
Bâtiments “éternels” financés par des prêts sur 70 ans, alors qu’ils seront démolis en 50 ou 60.
Maisons individuelles en lotissements extensifs, dévoreurs de territoire et de ressources.
Tourisme de masse basé sur de grands hôtels et appartements en béton.
Vers un nouveau modèle
La résilience passe par :
Constructions légères et modulaires
Intégration paysagère (voire enterrées)
Matériaux démontables et réutilisables
Usages flexibles dans le temps
Le glamping et les espaces polyvalents représentent un fort potentiel.
Il ne s’agit pas de construire des maisons en carton-pâte, mais de comprendre que rien n’est éternel, pas même le béton.