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AJOUTER SUR L'ART ET LA CULTURE DE L'EMPORDÀ PAR SES PERSONNAGES

Vivre pour toujours

AUSSI LONGTEMPS QUE DURE L'ÉTERNITÉ
Par Josep Lluís Blàzquez

Durabilité : mode, nécessité et dérives

Parler de durabilité est à la mode, pour le meilleur et pour le pire.

Pour le meilleur, car beaucoup de personnes adoptent désormais le tri des déchets, une pratique qu’elles n’auraient peut-être jamais mise en place par simple civisme.

Pour le pire, à cause de l’opportunisme de ceux qui utilisent labels et certifications environnementales comme outils marketing, sans réelle conformité aux critères de durabilité.

La construction : un impact majeur

En Europe, les bâtiments — de leur conception à leur démolition — représentent :

40 % des émissions totales de CO₂

30 % des déchets solides

20 % de la pollution de l’eau

Continuer à construire de la même manière est un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir.

L’éco-blanchiment nuit également à la crédibilité des certifications, pourtant essentielles pour producteurs et consommateurs.

Axes pour une construction durable

Optimisation des consommations énergétiques

Bâtiments résilients et adaptables

Utilisation de matériaux locaux et réutilisables

Économie circulaire

Création d’environnements sains

Et surtout : réhabiliter plutôt que construire, dès que possible.

Matériaux à faible impact

Dans notre région, on distingue :

Bois industrialisé : aux performances supérieures au bois brut

Terre : en pisé, adobe ou impression 3D

Pierre locale, chanvre et résidus agricoles (coques de riz, tournesol, maïs)

Réduire la dépendance aux matériaux fossiles, notamment aux plastiques, est indispensable.

Production locale en retard

La Catalogne possède des forêts comparables à celles de l’Autriche, mais ne développe pas encore une industrie du bois industrialisé locale.

D’autres régions comme le Pays basque, la Galice ou le sud de la France sont déjà en avance.

Exemple innovant : le projet transpyrenéen SAVASCO, qui intègre des résidus végétaux dans les matériaux de construction.

Inertie politique vs urgence climatique

Nous avons le talent, le savoir-faire et les ressources.

Mais les décisions tardent et la législation est obsolète.

Le changement climatique et l’effondrement productif n’attendent pas.

Où voulons-nous vivre ?

Il faut repenser les habitudes urbaines héritées du XXᵉ siècle :

Bâtiments “éternels” financés par des prêts sur 70 ans, alors qu’ils seront démolis en 50 ou 60.

Maisons individuelles en lotissements extensifs, dévoreurs de territoire et de ressources.

Tourisme de masse basé sur de grands hôtels et appartements en béton.

Vers un nouveau modèle

La résilience passe par :

Constructions légères et modulaires

Intégration paysagère (voire enterrées)

Matériaux démontables et réutilisables

Usages flexibles dans le temps

Le glamping et les espaces polyvalents représentent un fort potentiel.

Il ne s’agit pas de construire des maisons en carton-pâte, mais de comprendre que rien n’est éternel, pas même le béton.